Les Gorges du Tarn, vues depuis le Causse Méjean (photo : P. Lécuyer ©)

Dans le sud du Massif Central, la région des Grands Causses est localisée entre le Massif de l’Aigoual, les Cévennes et le Mont Lozère à l’est, les plateaux granitiques de Margeride et d’Aubrac au nord, le Rouergue à l’ouest et le Languedoc au sud. Ces plateaux calcaires datent du jurassique (entre 205 et 135 millions d’années) et reposent sur une assise gréseuse du Trias supérieur. Ils font l'objet d'importantes manifestations de dissolution et d’érosion et sont parsemés de phénomènes karstiques dont le très célèbre aven Armand ou la belle grotte de Dargilan. L’eau qui tombe sur ces régions, parfois abondamment, s’infiltre rapidement dans la roche carbonatée et résurge en moyenne quelque 500 mètres plus bas dans les gorges. Les résurgences les plus célèbres sont celles du Pêcher à Florac et de Castelbouc près de Prades dans les gorges du Tarn.

Ces plateaux se divisent en plusieurs bastions séparés par des rivières encaissées formant parfois des canyons majestueux. La plus célèbre d’entre elles, le Tarn, sépare le Causse de Sauveterre du Causse Méjean. La Jonte, plus modeste, se fraie son chemin entre le Méjean et le Causse Noir. Cette petite rivière possède néanmoins une particularité. En effet, après avoir traversé le petit bourg de Meyrueis, son cours est souterrain sur quelques kilomètres et ses eaux hypogées revoient le jour un peu avant le hameau des Douzes. La Jonte conflue avec le Tarn au village du Rozier. La Dourbie, qui rejoint le Tarn à Millau, sépare le Causse Noir du très célèbre Causse du Larzac le plus vaste de ces plateaux. Des petits causses satellites sont également présents tels les Causses de Séverac, Comtal près de la ville de Rodez et enfin ceux de Campestre, Blandas et Bégon localisés dans le Gard.
Peu peuplés et de climat rude, les Grands Causses sont une région d'élevage ovin dont la production la plus célèbre et mondialement connue est évidemment le fromage de Roquefort, fromage dont l’affinage se réalise dans la profondeur et la solitude des caves creusées dans les rochers du Combalou.

Les gorges qui ceignent ces vastes plateaux âpres et désertiques sont constituées de falaises souvent de belles tailles. Dans les gorges du Tarn, certaines parois dépassent les 120 mètres de hauteur. La roche calcaire, propice aux bombés, surplombs, alvéoles, vires et autres fissures, est très favorable à la nidification de toute une cohorte d’espèces aviennes tels les rapaces.
L’aigle royal y est présent ainsi que le faucon pèlerin, le hibou grand duc et bien sûr les 2 espèces de vautours rupestres : le vautour fauve et le percnoptère, petit nécrophage migrateur trans saharien.

Revenons sur les plateaux et arpentons ces vastes étendues aux courbes quelque peu féminines pour les poètes et autres guetteurs… Rapidement, l’attention est attirée par des tas de pierres où poussent parfois quelques aubépines et églantiers. Ces clapas, élaborés au court du temps par les bergers caussenards d’autrefois pour favoriser une herbe toujours rare, sont souvent l’occasion de belles observations de passereaux. Le plus fidèle pour l’observateur c’est le traquet motteux. Parfois, avec un peu de chance, on pourra voir l’assez rare chouette chevêche méditant du haut de son repère de pierres sèches sur l’excitation des hommes... Plusieurs espèces de pies-grièches peuvent être également observées, surveillant les pelouses en quête de quelques orthoptères.

A l’instar des troupeaux de moutons passant souvent inaperçus, les vautours fauves n’en sont pas moins présents dans le ciel caussenard. Un œil attentif pourra découvrir un groupe de ces oiseaux en prospection alimentaire. La chance aidant (ou l’obstination) consentira peut-être l’observation du plus rare vautour moine, parcourant souvent seul ou en couple la vaste steppe du Causse Méjean.

Que dire de la flore, les adonis du printemps, les cheveux d’anges ou encore les nombreuses espèces d’orchidées… ou les humbles violettes !

Bref, cette région toujours attachante permettra bien souvent un séjour agréable et reposant, ponctué de moments forts lors des simples promenades sur les sentiers de corniche ou des longues errances solitaires sur le Causse nu battu par le vent, mémoire du temps.